Budget, notre proposition : vendons une petite partie des actions de l’État plutôt qu’augmenter les impôts.
Pour redresser les comptes publics, Olivia Grégoire, Gérald Darmanin, Mathieu Lefèvre et d’autres députés Renaissance proposent de vendre certaines des participations de l’État dans des entreprises cotées.
Le débat public laisse parfois une impression de déjà-vu. À peine commencé, l’examen du projet de budget pour 2025 laisse entrevoir les pires passions françaises : la dépense publique comme seule fin et la fiscalité comme seul moyen. Dans ce domaine, l’imagination des parlementaires des deux extrêmes est sans limites. Disons-le clairement : le redressement des comptes publics est un impératif catégorique. Sans ordre budgétaire, il n’est point de progrès social, point de services publics de qualité ni d’avenir pour la compétitivité de notre économie. C’est entendu.
Mais quelles sont les caractéristiques de notre modèle social ? Des dépenses sociales plus élevées que partout ailleurs, et des prélèvements obligatoires plus élevés que partout ailleurs, pour justement tenter de les financer. Par conséquent, nous pensons que l’ajustement budgétaire qui vient doit continuer de servir notre compétitivité et non pas le contraire. De ce point de vue, les réussites économiques lentement acquises, au prix de la constance et de la stabilité de ces sept dernières années, pourraient rapidement devenir, si l’on n’y prend pas garde, une parenthèse heureuse, mais une parenthèse quand même, de notre vie économique.
Dans la féroce compétition économique internationale, dans un monde dominé par les efforts industriels massifs des États-Unis et de la Chine, nos entreprises et leurs salariés ne peuvent pas être de nouveau pénalisés par des coûts salariaux excessifs et par des impôts annoncés aujourd’hui ciblés et ponctuels mais demain, on le sait, possiblement pérennes et élargis. Ce serait une erreur pour l’emploi, une faute pour nos recettes publiques à moyen terme et un contresens total pour le pouvoir d’achat et pour le travail, qui doit résolument payer plus.
Deux millions et demi d’emplois créés, fin du chômage de masse, création de 300 000 emplois industriels, première nation terre d’investissements dans l’Union européenne : veut-on vraiment sacrifier ces acquis sur l’autel de la facilité fiscale ? Nous disons que des alternatives existent, que notre pays est d’abord malade de ses dépenses et qu’il a un besoin pressant de réformes qui transforment son modèle économique et social, plutôt que de nouvelles pressions fiscales parfois séduisantes à court terme, mais toujours délétères et récessives à moyen et long termes.
Plutôt que d’augmenter le coût du travail, réformons l’indemnisation du chômage et permettons à plus de 100 000 Français de retrouver le chemin de l’emploi. Dans un pays où les exonérations de charges ont permis de percevoir près de 100 milliards d’euros de recettes fiscales et sociales depuis 2017, augmenter le coût du travail, pour la première fois depuis trente ans, serait incompréhensible.
Plutôt que d’être le seul pays développé à augmenter massivement l’impôt sur les bénéfices alors que tous nos voisins sont en train de le sanctuariser, cédons des participations dans lesquelles l’État lui-même ne comprend d’ailleurs plus vraiment ni son rôle ni sa mission. Notamment 180 milliards de participations dans des entreprises cotées : vendre seulement 10 % de ces participations rapporterait autant, voire plus, que la hausse contre-productive de l’impôt sur les sociétés ou l’augmentation des charges du travail prévues par le gouvernement. Que faisons-nous encore dans Orange, Stellantis, la FDJ ? C’est le sens de l’amendement que nous déposons pour le budget 2025.
Et puisque ce budget est un « budget d’efforts », il nous semble évident que l’État lui-même doit être exemplaire. Faire mincir un peu l’État actionnaire (comme nous avions d’ailleurs commencé à le faire dans la loi Pacte en 2019) serait bien moins délétère que d’augmenter l’impôt sur les sociétés bénéficiaires.
C’est enfin une question éthique : la situation budgétaire actuelle impose des choix, et suppose aussi d’avoir le courage d’impulser des réformes structurelles : commençons à réduire le périmètre d’intervention de l’État plutôt que de revenir aux recettes d’hier consistant à augmenter les impôts sur les entreprises productives. Il ne s’agirait que de céder quelques participations sans pour autant mettre en risque le maintien des remontées de dividendes futurs (qui demeureraient importants compte tenu de l’ampleur de nos participations). « La crise est l’occasion d’une réflexion sur l’essentiel », disait Albert Camus. C’est essentiel : nous avons le devoir impérieux de repenser le périmètre d’intervention publique.
Liste complète des signataires
- Gérald Darmanin (député Renaissance du Nord)
- Olivia Grégoire (députée Renaissance de Paris)
- Mathieu Lefèvre (député Renaissance du Val-de-Marne)
- Sylvain Maillard (député Renaissance de Paris)
- Karl Olive (député Renaissance des Yvelines)
- Aurore Bergé (députée Renaissance des Yvelines)
- Florent Boudié (député Renaissance de la Gironde)
- Ludovic Mendes (député Renaissance de la Moselle )
- Constance Le Grip (députée Renaissance des Hauts-de-Seine)
- Paul Midy (député Renaissance de l’Essonne)
- Charles Rodwell (député Renaissance des Yvelines)
- Caroline Yadan (députée Renaissance des Français de l’étranger)
- Violette Spillebout (députée Renaissance du Nord)
- Annie Vidal (députée Renaissance de la Seine-Maritime)
- Jean Marie Fiévet (député Renaissance Deux-Sèvres)
- Bertrand Sorre (député Renaissance de la Manche)
- Stéphane Le Rudulier (sénateur LR des Bouches-du-Rhône)
- Danielle Brulebois (députée Renaissance du Jura)
- Romain Daubié (député Renaissance de l’Ain)
- Charles Sitzenstuhl (député Renaissance du Bas-Rhin)
- Liliana Tanguy (députée Renaissance du Finistère)
- Béatrice Piron (députée Renaissance des Yvelines)
- Christophe Blanchet (député Renaissance du Calvados)